Breaking News
Popular

El Estado que no educa, ahora también prohíbe celebrar

Ingrese su dirección de correo electrónico a continuación y suscríbase a nuestro boletín
Le 18 juillet 2025, la capitale camerounaise s’apprête à accueillir un événement d’une portée historique pour l’intégration de l’Afrique centrale. À l’invitation du Président Paul Biya, les chefs d’État de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) se réuniront pour concrétiser une fusion attendue depuis près de vingt ans. Ce sommet est présenté comme la tentative la plus ambitieuse de rationaliser une architecture institutionnelle jugée «complexe et inefficace», un défi majeur pour une région à la traîne en matière d’intégration continentale.
Par OLBIF
L’enjeu de cette rencontre de Yaoundé est colossal. Il s’agit, ni plus ni moins, de « poser les bases juridiques, institutionnelles et politiques d’une Communauté Économique Régionale (CER) unifiée pour l’Afrique centrale ». L’objectif affiché est de « fluidifier les échanges, renforcer les institutions communautaires et offrir à la région un espace économique unifié et cohérent ». En d’autres termes, Yaoundé doit être le creuset d’une refonte totale, mettant fin à la redondance des programmes, à l’éclatement du marché régional et à l’érosion de la volonté politique commune qui ont longtemps paralysé la coopération régionale.
Un serpent de mer institutionnel à trancher à Yaoundé
L’idée d’une fusion entre la CEMAC et la CEEAC n’est pas nouvelle. Elle remonte à 2007, lors du sommet de Brazzaville, où la volonté de converger vers une seule communauté avait été clairement exprimée. Un «projet de rationalisation» avait même été validé en 2009 à Kinshasa. Cependant, cette ambition s’est transformée en un véritable «serpent de mer», englué dans les «lenteurs administratives, les intérêts divergents des États membres, et l’absence de mécanismes contraignants». Un rapport de juin 2024 révélait d’ailleurs que seuls 55,31 % des objectifs de fusion avaient été atteints, malgré une feuille de route validée depuis 2022.
Le diagnostic est implacable : l’Afrique centrale demeure la région du continent où l’intégration régionale est la plus faible. La coexistence de deux CER indépendantes, mais aux objectifs similaires, a engendré une fragmentation du marché et une multiplication de structures coûteuses, ralentissant ainsi considérablement les efforts d’unification économique. Le sommet de Yaoundé se présente donc comme le moment de vérité où les chefs d’État sont attendus pour prendre des décisions concrètes et audacieuses.
Les délibérations porteront sur des aspects fondamentaux de cette nouvelle entité. Parmi les points cruciaux à trancher figurent le choix de la dénomination de la future communauté, la localisation de ses organes exécutifs et judiciaires, et l’adoption de son traité constitutif. Ce traité devra non seulement poser les bases, mais aussi encadrer la mise en place de nouvelles institutions, telles qu’un Parlement communautaire, une Cour de justice et des droits de l’Homme, une Cour des comptes, une Haute autorité monétaire et bancaire, et une autorité des marchés publics. Un plan de transition détaillé sera également adopté pour guider le passage des structures actuelles vers ce nouvel édifice.
Former les compétences et harmoniser les visions
Au-delà des aspects institutionnels, le sommet abordera la refonte du rôle des écoles de formation communautaires, un levier essentiel pour l’intégration par les compétences. Sept structures clés seront intégrées dans le nouveau système, dont l’Institut de l’économie et des finances (IEF-PR) au Gabon, l’École inter-États des douanes en Centrafrique, l’ISSEA (Cameroun), l’ERFMNI (RDC), l’ISTA (Gabon), le CIESPAC (Congo), et la future École de l’hôtellerie et du tourisme, prévue au Cameroun. Ces établissements auront pour mission de former les cadres régionaux et d’incarner «l’esprit d’une intégration par les compétences et la mobilité». La réussite de cette dimension nécessitera des États hôtes qu’ils garantissent «les moyens et l’autonomie de fonctionnement de ces structures».
Volonté politique : le test ultime à Yaoundé
Ce sommet se déroule dans un contexte économique mondial instable, marqué par les conflits commerciaux, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et une inflation galopante. Les pays d’Afrique centrale, fortement dépendants des importations, ont un besoin impératif de renforcer leur résilience collective. Alors que les échanges commerciaux intra-africains stagnent sous les 10 % (et moins de 5 % pour l’Afrique centrale), la création d’un espace économique unifié est essentielle pour harmoniser les politiques, unifier les douanes et les tarifs, et créer une zone de libre-échange plus dynamique, en cohérence avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Cependant, au-delà des avancées techniques (projet de Code des douanes unifié, tarif extérieur commun, politique commerciale harmonisée, secteurs prioritaires identifiés), la réussite de cette fusion dépendra d’un facteur capital : la volonté politique réelle des dirigeants de la région. Les experts sont unanimes : sans un engagement ferme à «dépasser les intérêts nationaux pour construire un avenir collectif», les traités resteront «lettre morte» et la nouvelle structure risquera de reproduire les blocages passés.
Le rendez-vous du 18 juillet à Yaoundé apparaît donc comme l’ultime chance de «réinitialiser l’intégration régionale en Afrique centrale». C’est une opportunité critique de rompre avec le «cercle vicieux des déclarations sans suite, des institutions en doublon, et des projets avortés». Pour Paul Biya, le doyen des chefs d’État de la région, ce sommet représente également un potentiel «legs diplomatique majeur», offrant l’opportunité de réaffirmer le rôle de l’Afrique centrale dans un monde en pleine mutation et réorganisation des blocs économiques. L’Afrique centrale est à la croisée des chemins ; le sommet de Yaoundé est plus qu’une simple rencontre institutionnelle, c’est un «test de maturité» et un «point de départ d’une nouvelle ère» pour une région qui ne peut plus se permettre d’attendre.