Décès de Simon Mann : De tentative de coup d’Etat à la défense d’un membre du régime Obiang

Simon Mann, dont le nom reste associé à la tentative de coup d’État contre Obiang Nguema, est décédé. Pour de nombreux Équato-Guinéens, son parcours ultérieur, marqué par un rapprochement avec le pouvoir qu’il cherchait initialement à déstabiliser, ne passera pas inaperçu.

Par OLBIF

Simon Mann, l’ancien officier des forces spéciales britanniques SAS qui avait orchestré la tentative de coup d’État de 2004 en Guinée équatoriale visant à déloger le président Teodoro Obiang Nguema, est décédé à l’âge de 72 ans au Royaume-Uni, des suites d’une crise cardiaque survenue pendant une activité sportive. L’information a été relayée le 10 mai dernier par la BBC et le Daily Mail, citant des sources proches.

L’épopée de Mann avait connu un tournant en 2004 lorsqu’il fut appréhendé à Harare, au Zimbabwe, avec un groupe de mercenaires en route vers Malabo. Leur objectif était de renverser Obiang Nguema, qui dirige le pays depuis son accession au pouvoir par un coup d’État en 1979. Condamné à une longue peine de prison à l’issue d’un procès largement médiatisé, Mann avait ensuite bénéficié d’une grâce présidentielle en 2009, peu avant une élection, lui permettant de retourner au Royaume-Uni.

Ce qui frappe dans le parcours de Simon Mann est son évolution d’acteur cherchant à déstabiliser le régime d’Obiang à une figure qui, des années plus tard, s’est retrouvée à témoigner en faveur d’un membre éminent de ce même régime. En 2017, Mann avait pris la parole à Paris lors du procès de Teodorin Obiang, le fils du président équato-guinéen, accusé de corruption et de blanchiment d’argent en France. Son témoignage s’était inscrit dans le cadre de la défense du fils du dirigeant d’un régime régulièrement critiqué pour sa gestion des ressources du pays, qui ne bénéficie qu’imparfaitement à la population équato-guinéenne. Teodorin Obiang fut finalement condamné dans cette affaire.

La trajectoire de Simon Mann, de conspirateur visant à renverser un régime à témoin dans la défense d’un de ses piliers, interroge sur les dynamiques complexes du pouvoir et les intérêts en jeu dans la sous-région Afrique Centrale. Son décès marque la fin d’un chapitre de l’histoire trouble de la Guinée équatoriale et de ses relations avec des acteurs extérieurs.